Estela Torres est née au Mexique en 1966 ; elle étudie les Beaux Arts à l’Université de Monterrey et à la Glassell School of Art de Houston (USA) de 1991 à 1995.
Dés 1995 elle entreprend un journal quotidien qui traite de l’équilibre à trouver entre les différents statuts de femme/mère/artiste.
Estela Torres réussi à maintenir une réelle ambiguïté dans son travail car celle-ci n’est pas feinte, elle exprime ce qui lui appartient, en restant dans une sphère proche. Elle-même, ses enfants, sa famille, les amis, sont les personnages évidents de son univers.
Quand au spectacle qui se déroule, il est familier par sa crude intimité : une femme nue, comme objet de désirs non consentis ; une mère qui joue à l’enfant ; des enfants qui se prennent pour des adultes, un baiser qui ressemble à une morsure...
Si exhibitionnisme il y a, incontestablement, il est dégagé de toute perversion ou tentative de scandale. Brutalité du trait et des sujets, Estela Torres ne cherche jamais la provocation. Elle réussi à aborder des sujets intimes sans se fixer de limite préétablie ou tenter de se protéger. Ceci l’a conduite dans des séries plus anciennes à dessiner au doigt, avec son propre sang, donner à lire son journal intime, ou comme récemment, à se dénuder pour se confronter à elle-même.
Il s’agit d’un regard porté sur le monde ou les sentiments, la passion roulent avec la raison. L’intimité est mise à nu, souvent brutalement, sans fausse pudeur, avec une sincérité joyeuse ou désespérée. S’il faut rechercher de la pudeur ou de la délicatesse c’est dans le refus de parler à la place des autres, l’artiste n’étant que son propre porte-parole.
Ce sont de petites utopies qui se construisent, accessibles car à notre échelle, un recentrage sur l’individu, son groupe et son environnement proche, dans une tentative d’échapper à l’aliénation et à la schizophrénie ambiante.
Fantasmées où réelles ces histoires nous renvoient à notre propre vécu, ou sa face cachée.
Les formats importent peu, pages arrachées à des cahiers ou des blocs, toiles de 90 x 1.20 m, murs où s’allient l’acrylique, le marqueur, des crayons de couleurs, du sang, combinent des esthétiques allant du dessin d’enfant ou d’adolescent, à l’écriture automatique, en passant par l’académisme et la bande dessinée. C’est, peut-être, ce refus ou cette incapacité à se situer socialement dans un rôle déterminé entre la famille, les nécessités économiques et la réflexion artistique qui génèrent cette esthétique hybride.
Le cul entre 3 chaises, position inconfortable on en conviendra, Estela Torres dessine, mélangeant défis et amertume.
Pierre Raine
Ces 3 dernières années, Estela Torres a participé à plus de 16 expositions (dont 5 individuelles) en France, Espagne, UK, Hongrie, Mexique.
Récemment, une dizaine de pièces ont été retenues pour l’exposition « IMAGéCRIT » à l’Espace St Louis à Bar Le Duc, aux côtés de Glen Baxter, Brully Bouabré, Gilbert Descossy, Miss Tic, Paella( ?)Chimicos Raymond Pettibon, Ody Saban autour du rapport texte/image.
Une exposition itinérante intitulée « Violentes Femmes » qui regroupe 5 jeunes femmes peintres résidant en France (Maria Buil, Agata Ciesinska, Sandrine Enjalbert, Anne Van Der Linden et Estela Torres), circule dans les centres culturels français à l’étranger.
L’année 2005 a aussi permis la réalisation d’une fresque de 11 m de long commandée par l’Université de Monterrey au Mexique et prochainement, un livre reproduisant 60 dessins de la série « En attente » sortira aux Editions Ragage (Paris) en juin 2006.
Nous vous invitons à découvrir ce travail